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95 Joueurs sur Ideo (4581 inscrits) : 51 humains 2378), 30 elfes 1431), 14 orcs 772) | 2 joueurs connectés | Liste des joueurs | IDEO V 3.6.5-1

Naru

Naru



Légende : Rapportée par Hame Lyn
L'histoire de cette divinité attachée à son cortège qui ne manquera sans doute pas de soulever de nombreuses questions sur les devoirs et les dogmes des Cinq.
Une divinité dont les plus attentifs aux histoires des divinités connaissent déjà le nom : Naru.
Naru est rattaché à Trohahykce, le chasseur et est réputée pour être la seule à avoir réussi à lui faire manquer sa cible.

Cette histoire commence après le début du monde, quand les mortels avaient commencé à peupler les terres et à ériger les premières villes.

Sous la probable impulsion de Délémia qui attisait en leur cœur l’envie et par extension la jalousie, les mortels se trouvaient à appeler souvent de leur prière l’Achèvement. Non point l’Achèvement de leurs propres œuvres ou de leur propre vie, mais celles des autres, du voisin mieux loti ou de l’ennemi tant détesté.
La plupart du temps, ces souhaits inavouables étaient murmurés du bout des lèvres, cachés dans un sourire, voilés par une plaisanterie. Mais Azolth entendait le cœur de ses Enfants se flétrir de frustration, hurler de pulsions incontrôlables et décida de se résoudre à contenter ces passions.

Le Gardien prit alors mille des âmes de son royaume et, pendant sept jours et sept nuits, modela l’instrument de l’Achèvement, fabriqua avec son propre sang un bras armé qui ferait appliquer sa voix et répandrait ses préceptes inflexibles mais justes.
L’être qui naquit du labeur du Dieu avait la peau couleur de nuit, les cheveux et les yeux d’or. On l’appela Naru et son parfum était celui de la mort. Au premier souffle que la Divinité qui venait de naître inspira, Azolth grava ses mots en son âme :

- La mort est mon domaine, mais ce que l’on me demande n’est pas mon rôle. C’est le tien, Naru. Tu es issue de la passion des Hommes. C’est parce qu’ils t’ont réclamée que je t’ai faite. Tu les aideras, tu les guideras, tu donneras une morale et une éthique à leurs désirs d’Achèvement.

Et Naru commença son labeur : patronner l'assassinat d'un mortel par un autre mortel. Non pas le meurtre violent et gratuit, non pas la mort rencontrée par hasard ou sur un champ de bataille, mais la mort ordonnée et préméditée qui doit s'accomplir pour que le monde évolue. La mort qui fait tourner le cycle, la mort qui remplace une pierre par une autre dans le mur de la vie ; le trépas constructif et purificateur.
La créature, dit-on, riait de chaque coup qu’elle orchestrait et chantait avant chaque mort. Sa voix n’avait nulle autre pareille et envoûtait inexorablement quiconque s’en délectait.

En parallèle aux premiers pas de la nouvelle divinité, l’incroyable Eléis, qui vient ces jours ci d'inaugurer la nouvelle saison, était devenue un mythe et son territoire s’étendait sur les plus hautes cimes des montagnes inaccessibles, là où jamais la neige n’avait à subir le joug de l’astre solaire. La saison de la Nuit avait été particulièrement éprouvante pour les mortels, et Trohahykce peinait à accomplir sa mission.
Avec l’accord de Karkh, Azolth convoqua Naru et il expliqua à celle qui instillait l’Achèvement de son prochain que le cycle d’Eléis devait trouver sa fin et qu’à l’hiver devait succéder le printemps même aux plus hauts sommets des montagnes. Il lui dit qu’Eléis devait mourir pour mieux renaître car ainsi tournait inlassablement la boucle sur les terres humaines : il lui proposa enfin d’entrer en concurrence avec Trohahykce. Les Dieux Frères pensaient là qu’il s’agissait d’une bonne solution pour mettre fin à la saison de la Nuit et de pousser les deux divinités au meilleur de leurs capacités.

Naru savait que sa tâche serait difficile : Trohahykce, bien qu’il avait échoué jusqu’à présent, avait l’expérience. Pour s’aider, la Déesse forgea une épée au fil acéré capable d’emprisonner l’âme de sa victime en son sein. Ainsi la tueuse aux yeux d’or pourrait rapporter l’essence d’Eléis dans le domaine des morts, l'y laisser le temps des trois autres saisons avant qu'Azolth ne daigne libérer l'âme du Froid le temps d'un hiver.

- Je vaincrai ou j’assumerai ma défaite.

Assura Naru à son créateur.
Azolth crut voir dans ces paroles l'éthique de l'assassin, et il laissa partir la Déesse.

La belle Eléis n’était pas sans défense. Naru mit plusieurs semaines à la débusquer sur les terres de mortalité et elle fut contrainte de constater que les dons que les Dieux avaient accordés à la biche ne lui facilitaient pas la tâche. Eléis se déplaçait plus vite que le vent, faisait naître l’admiration d’un regard et possédait plus de sagesse que bien des humains. Mais Naru était aussi implacable et obstinée que le froid, et elle finit par acculer l’animal des neiges sur son territoire.
La silhouette de Trohaykce apparut alors ; les deux divinités à qui l’on avait ordonné de chasser la biche échangèrent à peine un regard. Le chasseur n’avait pas réussi à trouver Eléis avant Naru et laissait donc tout le loisir à la divinité d’achever la biche.

Eléis se mua alors en une jeune fille à la peau d’albâtre et aux yeux d’absinthe qui tenta de raisonner son bourreau :

- J’accepte ma mort, mais point ainsi. Ma traque t’a mué en bête sauvage et dans ton cœur ne subsiste plus que la colère, la joie barbare de faire couler le sang. Partir : certainement, mais point ainsi, non. Ce n’est pas digne de ce qu’ils ont fait de moi et de ce pourquoi ils t’ont créée.

Naru n’écouta point et Eléis poussa un terrible cri, alors même que l’empressée abattait sa lame sur sa gorge tendre.

Le regard des Dieux se tourna instinctivement vers la scène, alertés par le désespoir des frimas. Vers le spectacle de Naru riant et chantant, le cadavre d’Eléis à ses pieds.


Une tempête se leva et enveloppa la Déesse noire qui se figea en entendant les voix des Dieux majeurs qui se mêlaient en récitant d’un même souffle :

-Tu as tué avec haine et tu en seras châtiée. Tu ries de tes crimes, tu chantes du malheur de nos Enfants. Ta justice est bonne mais tes moyens nous ne pouvons accepter. Nous ne tolérerons jamais la cruauté.

Naru n’eut pas la sagesse de se taire. Jeune, elle n’avait point appris que les Dieux majeurs ne parlaient qu’une fois et ne revenaient jamais sur leur choix. Elle démentit avec hargne, vantardise ainsi que fausseté et ses paroles la desservirent bien plus que tout mutisme.

Les Dieux interrompirent sa logorrhée et tonnèrent sans patience :

-Subis notre courroux, et apprends les vertus du silence.

Sous les yeux de Trohaykce, le chasseur vaincu, un éclair frappa la lame de Naru qui éclata en une dizaine de morceaux, libérant l'âme d'Eléis et l’annihilant, puis un deuxième trait lumineux atteignit la montagne où se trouvait la Divinité qui disparut sous une avalanche en quelques secondes. Emprisonnée dans une prison immaculée où aucun de ses cris, de ses rires ou de ses chants ne percerait jamais la surface…
Même si la divinité avait échoué dans sa quête, on dit que l'épreuve et le meurtre cruel de sa proie raffermit sa volonté de mener à bien sa quête. Jamais plus les dieux Majeurs n'eurent besoin de le mettre en concurrence avec une autre divinité pour qu'il mène à bien sa tâche.

Ainsi depuis des cycles et des cycles, Naru – prise au piège et impuissante – médite-t-elle chaque jour sur ses actes et ses mots, le visage d’Eléis venant implacablement la hanter. Néanmoins, les passions qui animent le cœur des hommes n'ont pas changé pour autant, et même si plus personne ne prie Naru en cette heure, nombreux sont ceux qui suivent sa logique comme s'ils étaient ses Fidèles servants.



On dit qu'Aldménir planta une graine de cerisier sur la tombe de la divinité et que les racines profondes de l'arbre millénaire enserrent la Fautive et lui inculquent la Sagesse.
Un jour, quand les Dieux jugeront que Naru a retenu la leçon, ils transmettront la lame de la Déesse à l’humanité pour que soit institué l'assassinat « moral », en harmonie avec les préceptes du Panthéon.



L'histoire de Naru nous enseigne toute la difficulté, pour les êtres passionnés que nous sommes, de ne pas offenser nos dieux à la poursuite d'une ambition dénuée de tête et à la recherche d'un achèvement qui n'est qu'une offense.
Cette créature était née des passions des hommes et repose à présent sous les neiges éternelles: elle n'est plus une divinité appartenant au cortège d'un des Cinq, mais son histoire reste une leçon de sagesse.

Sa Majesté rappelle que le Code Pénal punit le meurtre quel qu'en soit les raisons et il demeure sage de le respecter.